Nourane Foster, députée et femme d’affaire camerounaise, spécialisée dans la vente des boissons éclaircissantes, est au centre d’une polémique qui a pris des proportions sous-estimées. Tout est parti d’un publi-reportage diffusé par France 24 mardi 9 août 2022…
De Yaoundé à Douala, la controverse sur les boissons censées éclaircir la peau enfle à mesure que se révèle une affaire à tiroirs… Le premier d’entre eux : la polémique sanitaire. Si l’alpha-arbutine intégrée dans ces breuvages est présentée comme une alternative douce à la dangereuse hydroquinone des pommades dépigmentantes, certains spécialistes dénoncent des effets secondaires potentiels comme l’hypertension, le diabète ou le cancer de la peau. Ce n’est qu’en août 2022 que le ministère camerounais de la Santé vient de rappeler à l’ordre certaines marques comme Carimo ou MiraCosmetics. Ces dernières ont été épinglées pour absence d’autorisation conforme de vente de certains de leurs produits, au regard de la réglementation en matière de commercialisation des compléments alimentaires et boissons diététiques.
C’est là qu’est entrouvert un deuxième tiroir… celui de la polémique médiatique. Une certaine opinion ironise que la réaction gouvernementale est survenue presque immédiatement après la diffusion d’un reportage de France 24 intitulé « Cameroun : boissons “éclaircissantes”, un business juteux, mais dangereux ». Pour nombre d’internautes, les responsables africains ne réagiraient jamais de la sorte aux révélations de leurs médias nationaux. Pour certains qui ont visionné le replay de la vidéo, ce n’est même pas la diffusion internationale qui aurait « réveillé » les autorités sanitaires. Car voici ouvert un autre tiroir…
Polémique politicienne
Troisième tiroir de l’affaire : la polémique politicienne. Le reportage de la chaîne française s’ouvre sur une commerçante manifestement peu consciente de l’usage critique qui sera fait de son témoignage. Le journaliste présente la femme d’affaires comme une « députée controversée de l’opposition ». Nourane Foster est effectivement élue du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), de Cabral Libii. Or, c’est bien par la marque de boissons éclaircissantes de la députée que le ministre de la Santé Malachie Manaouda a commencé sa récente croisade, avant que les concurrents de celle-ci ne soient mis à l’index dans la foulée. La diffusion de l’élément de la chaîne de télévision internationale aurait-elle moins été le rappel d’un problème sanitaire que l’occasion d’un larron politicien ?
Appuyée médiatiquement par l’avocat inscrit au barreau de Paris Christian Bomo Ntimbane, qui dénonce la pression partisane des « jaloux » et des « envieux », la députée Foster affirme que la nocivité de ses liquides « décapants » n’est pas prouvée et que leur commercialisation est bel et bien légitime au Cameroun, au regard des médicaments vendus librement dans la rue. Malgré son plaidoyer, la boss de l’entreprise cosmétique a annoncé officiellement « la fermeture de toutes les Agences Nourishka au Cameroun » au lendemain de la diffusion du reportage. « La cabale politico-médiatique a eu raison de nous », s’est-elle désolée, accusant France 24 d’accabler ses efforts par « un tissu de mensonges ».
Réconciliation avec France 24
Mais la députée et businesswoman Nourane Foster a repris du poil de la bête. Car deux jours seulement après avoir annoncé fermer boutique, elle a publiquement informé de la réouverture de son entreprise.
« Madame Nourane Foster tient à rassurer l’opinion nationale et internationale sur son engagement à travailler en étroite collaboration avec les services du ministère de la Santé dans le sens de l’homologation des produits cités dans le communiqué ministériel. Faisant suite à cet engagement, et dans le but de se conformer à la loi, madame Nourane a d’ores et déjà mis à la disposition des services compétentes du ministère de la Santé, un dossier de demande d’homologation comportant 124 échantillons desdits produits, 14 certifications internationales y compris le FDA Américain, ISO9001 et ISO2200 pour ne citer que ceux-ci. Tout en taisant entièrement confiance aux laboratoires camerounais qui se prononceront en toute indépendance sur la qualité de ces compléments alimentaires, madame Nourane tient à rassurer ses partenaires, son personnel sur la reprise très prochaine de ses activités », peut-on lire dans un communiqué en date du 12 août 2022.
La patronne de la société des boissons éclaircissantes en a profité pour soustraire la responsabilité de France 24 de la polémique, arguant que la chaine internationale a été « induite en erreur par son correspondant à gages camerounais ». Ce dernier en a d’ailleurs pris pour son grade. « En ce qui est de l’éthique, madame Nourane rejette en bloc les paroles du journaliste à gages camerounais M. Tony Michel Menga, qui, après avoir insisté pendant plusieurs jours pour tourner ce publi-reportage, a perçu 50.000 FCFA, soit 71,42 euros, auprès du service Marketing Nourishka. Tournage qui, selon lui, avait pour but de mieux informer la population sur les bienfaits de la Vitamine C et du collagène dans le corps humain, suite à une légère polémique sur Twitter disait-il. Peut-être estimant la somme pas onéreuse, il a décidé de couper et coller chaque mot d’une interview qui a duré 3 heures de temps environ », a dénoncé la cheffe d’entreprise.

Source : Jeune Afrique
Ceci est un article repris et complété par Blaiid, média d’actualité et de divertissement en Afrique francophone.